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Les amis de Jeanne d'Arc fêtent le 100ième anniversaire de sa canonisation.

Comme nous ne pouvons pas cette année commémorer comme il se devrait le 100e anniversaire de la canonisation de Jeanne d’Arc devant sa statue sur les Plaines d’Abraham, nous vous présenterons ci-après le texte d’une allocution que notre président avait eu l’honneur et le plaisir de prononcer en 2012, lors du 600e anniversaire de sa naissance.

Ce texte sera accompagné de quelques extraits d’auteurs et d’illustrations permettant d’enrichir le texte de cette allocution :

« Par un beau soleil de la fin du mois de mai, en début d'après-midi, nous nous sommes retrouvés avec quelques amis et sympathisants pour honorer Jeanne d'Arc devant sa superbe statue sur les Plaines d'Abraham à Québec, comme depuis maintenant neuf ans.  À l'occasion du 600e anniversaire de sa naissance, nous avons eu le plaisir et l'honneur d'ouvrir la cérémonie par la prière de l'abbé Gouy [alors] recteur de la chapellenie Saint-Zéphirin qui avait bien voulu accepter notre invitation. 

Il a lu la magnifique prière du frère Maximilien-Marie qui commence comme suit :

«Très saint et très haut Seigneur Jésus-Christ,

Roi des rois,
qui avez miraculeusement suscité Sainte Jeanne d’Arc
pour ramener à l’unité autour de son Prince légitime
le Royaume de France, divisé et humilié à la face des nations,
et pour lui conserver l’intégrité de la Foi :
du haut de votre trône céleste,
regardez encore aujourd’hui combien il y a grande pitié en ce pays, dont le reniement des promesses du baptême et l’apostasie officielle ont entraîné à nouveau la désunion et l’abaissement,
au point qu’il est devenu aujourd’hui un mauvais exemple pour la terre entière…

Par la puissante intercession de Sainte Jeanne d’Arc,
patronne de la France en second après votre très Sainte Mère,
nous Vous supplions, ô Jésus :
répandez sur ce pays qui proclamait jadis en préambule de ses lois
« Vive le Christ qui est Roi des Francs! »
de nouvelles et abondantes grâces de conversion et de Foi,
pour que les coeurs et les esprits reviennent à Vous!...»

Votre serviteur prit ensuite la parole, en la cédant à Benoît XVI,  qui s'adressait l'an passé à Rome à des pèlerins en provenance de France et commençait ainsi son homélie :

«Chers frères et sÅ“urs, je voudrais aujourd'hui vous parler de Jeanne d'Arc, une jeune sainte de la fin du Moyen-âge, morte à 19 ans, en 1431. Cette sainte française, citée à plusieurs reprises dans le Catéchisme de l'Église catholique, est particulièrement proche de sainte Catherine de Sienne, patronne d'Italie et de l'Europe, dont j'ai parlé dans une récente catéchèse. Ce sont en effet deux jeunes femmes du peuple, laïques et consacrées dans la virginité; deux mystiques engagées non dans le cloître, mais au milieu de la réalité la plus dramatique de l'Église et du monde de leur temps. Ce sont peut-être les figures les plus caractéristiques de ces «femmes fortes» qui, à la fin du Moyen-âge, portèrent sans peur la grande lumière de l'Évangile dans les complexes événements de l'histoire. Nous pourrions les rapprocher des saintes femmes qui restèrent sur le Calvaire, à côté de Jésus crucifié et de Marie sa Mère, tandis que les Apôtres avaient fui et que Pierre lui-même l'avait renié trois fois. L'Église, à cette époque, vivait la crise profonde du grand schisme d'Occident, qui dura près de 40 ans. Lorsque Catherine de Sienne meurt, en 1380, il y a un Pape et un Antipape; quand Jeanne naît en 1412, il y a un Pape et deux Antipapes. Avec ce déchirement à l’intérieur de l'Église, des guerres fratricides continuelles divisaient les peuples chrétiens d'Europe, la plus dramatique d'entre elles ayant été l'interminable «Guerre de cent ans» entre la France et l'Angleterre […] Depuis l'enfance, [Jeanne] démontre une grande charité et compassion envers les plus pauvres, les malades et tous les souffrants, dans le contexte dramatique de cette guerre. 

De ses propres paroles nous apprenons que la vie religieuse de Jeanne mûrit comme expérience mystique à partir de l'âge de 13 ans. À travers la voix de l'archange saint Michel, Jeanne se sent appelée par le Seigneur à intensifier sa vie chrétienne ainsi qu'à s'engager personnellement pour la libération de son peuple. Sa réponse immédiate, son «oui», est le vœu de virginité, avec un nouvel engagement dans la vie sacramentelle et dans la prière: participation quotidienne à la Messe, confession et communion fréquentes, longs temps de prière silencieuse devant le Crucifix ou l'image de la Vierge. La compassion et l'engagement de la jeune paysanne française face à la souffrance de son peuple sont encore renforcés par son rapport mystique avec Dieu.»

Et ici le pape formulait cette forte remarque :

«L'un des aspects les plus originaux de la sainteté de cette jeune fille est précisément ce lien entre l'expérience mystique et la mission politique.»

Benoît XVI insère ensuite dans un contexte de paix désirée l'action de Jeanne :

«Le 22 mars 1429, Jeanne dicte une importante lettre au roi d'Angleterre et à ses hommes qui assiègent la ville d'Orléans. Sa proposition est une véritable paix dans la justice entre les deux peuples chrétiens, à la lumière des noms de Jésus et de Marie, mais elle est rejetée, et Jeanne doit s'engager dans la lutte pour la libération de la ville, qui advient le 8 mai.»

Plus loin dans son homélie le pape précise Ã  propos du procès de Jeanne:

«C'est un grand procès solennel, présidé par deux juges ecclésiastiques, l'évêque Pierre Cauchon et l'inquisiteur Jean le Maistre, mais en réalité il est entièrement guidé par un groupe nombreux de théologiens de la célèbre université de Paris, qui participent au procès comme assesseurs. Ce sont des ecclésiastiques français qui, ayant fait un choix politique opposé à celui de Jeanne, ont a priori un jugement négatif sur sa personne et sur sa mission. Ce procès est une page bouleversante de l’histoire de la sainteté et également une page éclairante sur le mystère de l’Église. C’est la rencontre dramatique entre cette sainte et ses juges, qui sont des ecclésiastiques. Jeanne est accusée et jugée par eux, jusqu’à être condamnée comme hérétique et envoyée à la mort terrible sur le bûcher. A la différence des saints théologiens qui avaient illuminé l’université de Paris, comme saint Bonaventure, saint Thomas d’Aquin et le bienheureux Duns Scot, dont j’ai parlé dans plusieurs catéchèses, ces juges sont des théologiens auxquels manquent la charité et l’humilité pour voir chez cette jeune l’action de Dieu. Les paroles de Jésus viennent à l’esprit, selon lesquelles les mystères de Dieu sont révélés à qui possède le cœur des tout-petits, alors qu’ils restent cachés aux sages et aux savants qui n’ont pas d’humilité. Ainsi, les juges de Jeanne sont radicalement incapables de la comprendre, de voir la beauté de son âme: ils ne savaient pas qu’ils condamnaient une sainte.»

Et Benoît XVI concluait ainsi son homélie de façon didactique :

«Notre sainte vit la prière sous la forme d’un dialogue permanent avec le Seigneur, qui illumine également son dialogue avec les juges et lui apporte la paix et la sécurité. Elle demande avec confiance: «Très doux Dieu, en l’honneur de votre sainte Passion, je vous requiers, si vous m’aimez, que vous me révélez comment je dois répondre à ces gens d’Église». Jésus est contemplé par Jeanne comme le «Roi du Ciel et de la Terre». Ainsi, sur son étendard, Jeanne fait peindre l’image de «Notre Seigneur tenant le monde» (ibid., p. 172): icône de sa mission politique. La libération de son peuple est une œuvre de justice humaine, que Jeanne accomplit dans la charité, par amour de Jésus. Elle est un bel exemple de sainteté pour les laïcs engagés dans la vie politique, en particulier dans les situations les plus difficiles.»

Pour conclure ma brève intervention, je citais cette fois saint Pie X qui, quelques cent ans plus tôt, concluait ainsi son discours, prononcé après la lecture des décrets de béatification de la jusqu'alors vénérable Jeanne d'Arc :

«Ce qui paraît impossible aux hommes est possible à Dieu.  Je suis affermi dans cette certitude par la protection des martyrs qui ont donné leur sang pour la foi et par l'intercession de Jeanne d'Arc, qui, comme elle vit dans le cÅ“ur des Français, répète aussi, sans cesse, au ciel la prière : «Grand Dieu, sauvez la France ! ».  Et j'ajoutais, bien sûr, «Qu'elle puisse aussi sauver le Québec, c'est ce que nous souhaitons également de tous nos cÅ“urs.»

En fin d'après-midi, un bon «souper» réunissait la plupart des participants, auxquels s'étaient joints quelques personnes qui n'avaient pu participer à la cérémonie, dans un restaurant de fruits de mer de Québec avec une vue magnifique sur le Bassin Louise et la vielle ville [autre temps, autre mœurs].

Henri Rallon, président-général de la SSJBQ.


Une messe pour sainte Jeanne d'Arc à Versailles, le 24 mai : https://www.youtube.com/watch?v=gcMme9SsyY0

Nous ajouterons une messe à sainte Jeanne d'Arc qui sera célébrée au Québec.

Citations d’autres auteurs ou sites


En France, Jeanne d’Arc est une figure qui a dépassé son caractère religieux. C’est quelque chose qui date déjà du XIXe siècle, période où des historiens et des intellectuels ont annexé l’histoire de Jeanne d’Arc ; c’est une sorte de patrimoine collectif qui faisait d’elle une héroïne patriote ou patriotique. Elle a été intégrée de cette manière à cette vision collective des grands héros français. Cette appropriation républicaine de Jeanne d’Arc a permis qu’elle soit une héroïne religieuse et laïque à la fois.


https://www.vaticannews.va/fr/eglise/news/2020-05/centenaire-canonisation-jeanne-d-arc.html (voir ce site pour le texte au complet)

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Quelle est cette espérance ? On a trop tendance à s’imaginer l’espérance comme une vertu passive, simple capacité à attendre ce que la Providence nous aura ménagé. Le paradoxe de Jeanne d’Arc, c’est qu’elle est à la fois le signe historique de cette attente et sans doute le personnage historique qui aura le plus détesté attendre. Toute sa carrière, ses hauts faits, ses faits d’arme elle les doit à son refus du statu quo, à son dynamisme, à son élan.  Devant Troyes, par exemple, la ville où a été signé il n’y a pas vingt ans le honteux traité, son gentil Dauphin tergiverse. Elle fait irruption dans son conseil pour lui signifier qu’il faut attaquer. Et elle-même n’attend pas son accord pour dire à ses hommes : « aux fagots ! Aux fagots ».  La ville sera prise dans cet élan.


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La France s’est faite « de main d’homme », disait Bainville. Mais en cette ultime fin du Moyen Age, c’est de main de femme qu’elle fut libérée… Et de quelle femme !

A Domrémy, le village natal, la Meuse est là, toute proche. Sur l’autre rive, c’est la Lorraine, dominée par le duc de Bourgogne, ce prince honni en deçà du fleuve pour avoir choisi l’alliance anglaise. Entre enfants des deux bords, les bagarres éclatent, et par deux fois des « écorcheurs », pillards bourguignons et anglais, vont razzier le village. C’est ainsi que Jeanne apprend et comprend ce qu’est une frontière. Son côté à elle, c’est la France.

En ce premier quart du XVième siècle, la situation est dramatique. Depuis 1420, le traité de Troyes a imposé la domination anglaise sur tous les territoires occupés. Deux ans plus tard, quand Charles VII devient roi, ce n’est que d’un royaume amputé, parcellaire et fragile. Pire, ce roi n’est pas un battant, c’est le moins qu’on en puisse dire. Tout le contraire de l’anglais Henri V, petit-fils par sa mère de Philippe le Bel, qui domine la situation, et se voit déjà porter la double couronne anglaise et française. https://www.politiquemagazine.fr/culture/la_refondatrice_de_la_nation/

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